jeudi 4 août 2022

Ils l'ont fait: épisode 1: ALTRIMAN par Alexandre MARTIN

 ALTRIMAN 2022

Voici le résumé de notre ami Finisher  Alexandre MARTIN:

Depuis quelques années je voulais tester le triathlon dans le but de participer à un IronMan.

Pour atteindre cet objectif j’ai rejoint le club Ploemeur Triathlon. Me voilà donc lancé pour

une saison sur les différentes distances L, M, S, même XS et prenant goût à cette discipline

je me suis dit pourquoi ne pas enchaîner sur un Ironman.


Je n’ai pas pu m’imposer un programme d’entrainement contraignant visant à améliorer mes

performances, l’idée était de passer le cap psychologique sur un triathlon exigeant physiquement

et je devais arrêter de repousser l'échéance. Avoir une motivation est la clé pour terminer.


Je mis prend donc au dernier moment et plusieurs contraintes limitent mon choix.

Je décide alors que ça sera l'Altriman, un triathlon ultra XXL. Ça tombe bien on m'a

dit : "Pour un premier Ironman autant commencer difficile" ; je crois que celui-là est

parfait et c'est dans 1 mois. C’est bon je me lance et je valide l’inscription, je n’ai plus

le choix, impossible de reculer. Par modestie, je garde ce défi pour moi sans le

partager à mes proches, peur de l’échec ou de l’abandon, je ne sais pas.


Deux jours avant l’évènement, je jette toutes mes affaires dans la voiture et c’est parti

pour 9h de route. J'arrive sur place le lendemain à 2h du matin, je me dépêche d’aller

dormir pour récupérer un peu, la course est demain.

Vendredi après 7 heures de sommeil réparateur, je me réveille en découvrant la superbe vue

sur le lac de Matemale depuis la fenêtre du salon. Idéal pour bien se relaxer avant l’échéance.



Dans l'après-midi direction le salon, au cœur du village des Angles, pour aller récupérer mon dossard,

le numéro 36. Je prépare mon vélo « de compétition » et je vais le déposer dans le parc près du lac.

C'est très rapide, je n'ai que ça à laisser. J’en profite pour faire un petit tour pour repérer les lieux et

savoir par où passer avant et après les transitions. Je fais vite car je dois me diriger de l'autre côté du

lac pour le briefing, on nous annonce qu’il va faire très chaud et qu’il faudra être prudent sur certaines

portions en vélo.


J'enchaîne avec le dernier repas d'avant course le classique pâte/blanc de poulet, puis je finis de préparer

minutieusement mes affaires pour la course. Il ne faut rien oublier, je prévois un peu plus en nourriture

dans les 2 sacs de ravitaillements, je ne sais pas trop comment faut gérer, c'est la première fois. Tout est

prêt, direction le lit pour faire le dernier plein d’énergie.


A 4h du matin je me réveille, je suis hyper motivé mais je me demande quand même dans quelle aventure

je me suis embarqué, j’espère que je serais à la hauteur. J'ai bien mangé et ça devrait me tenir au ventre

quelques heures. Direction le parc à vélo avec toutes mes affaires et la lampe frontale pour tout ranger

correctement dans un bac en face de mon vélo. Je donne mes 2 sacs de ravitaillements aux bénévoles pour

qu’ils me les amènent sur le parcours. Je finis de m'équiper pour la natation dans la froideur du matin de

la montagne. Je rejoins ensuite l'arche du départ pour l’épreuve de natation.



5h30, nuit noire, coup de feu et fumigène rouge, c'est le départ pour une longue journée.

La température de l'eau est à 19°C, je me sens à l'aise et je dois regarder de l'autre côté de la rive les

phares de la voiture qui nous indique la bouée pour faire demi-tour. J’arrive à la 1ère boucle,

cette année pas de sortie à l'australienne, il faut enchaîner sur la 2ème. Je sors après 3800m de natation en 1h05',

très correct et je n'ai pas puisé dans mes réserves.



Me voilà dans le parc à vélo, je prends le temps pour bien m'équiper et récupérer, je sais que le vélo va durer

longtemps et que ce ne sera pas une partie de plaisir. Après 1h dans l'eau, je sens l’air froid me saisir et je

mange un petit truc pour compenser les calories perdues.


T1 terminée, je pars avec ma « formule 1 » pour une longue sortie vélo. Un premier petit col et la

descente qui suit devient un enfer, je n’ai pas mis de veste, je suis encore mouillé, il fait frais et le

vent me prend aux tripes. Je viens de commettre ma première erreur, je suis frigorifié et je grelotte

pour me réchauffer. Je dois être vigilant et je freine un peu trop pour éviter de basculer dans les fossés.

Certains ont l’habitude, je me fais doubler plus d’une fois. Je me dis vite la prochaine montée,

je change de versant, le soleil fait son apparition, ça va mieux pour le 2ème col.

J’arrive à la fameuse ascension du col de Pailhères HC (14.7km à 7,7%). J’attaque un peu la montée puis

je récupère mon ravito personnel. Sur des longues distances c’est la gestion qui prime donc je mange

un peu même si je n’ai pas trop faim, je prends des compotes, bananes et je remplis mes bidons d’eau.


Je repars pour rejoindre le col, ça souffle en haut, ravito rapide et je file dans la descente. Début de

la montée suivante, 100ème

km, une crampe me prend dans la cuisse, je serre les dents et m’étire sur le vélo.

Après quelques secondes je suis à nouveau d’attaque pour gravir le prochain col.

Ça devient dur, mes vitesses sont toutes à gauche et c’est compliqué d’avancer, la pente est de plus

en plus raide, ravitaillement perso, je me pose 10’ pour relâcher les muscles, manger un sandwich solide,

toujours un peu de sucre (mon sac ravito est encore bien rempli mais j’ai pioché suffisamment

dedans donc je laisse le reste du sac aux bénévoles) et c’est reparti.


Début du 6ème col au 150ème

km,

les crampes sont toujours là et c’est de plus en plus dur. L’idée de tout arrêter me traverse encore

la tête, mais je dois manger les kilomètres, un par un, km par km et continuer d’avancer.

Les pourcentages de côte atteignent parfois 12% et j’ai du mal à appuyer sur les pédales,

je dois me mettre en danseuse pour utiliser mon poids et tourner les jambes. Je suis aux heures les

plus chaudes, le soleil cogne fort (35°C), je vois un coin d’ombre, je craque, je dois poser pied à terre

quelques minutes pour relâcher les muscles.

Maintenant ma seule idée est de finir le vélo et on verra ce que je fais après. Je relance la machine à petite allure,

comme depuis pas mal de km, si je vais moins vite je perds l’équilibre et je tombe lol.

J’arrive au ravitaillement suivant, j’en profite pour descendre du vélo m’étirer, boire, manger un peu et

me passer sous le jet d’eau pour refroidir mon corps. Quelques triathlètes arrivent et me rassurent en disant

qu’ils ont mis pied à terre aussi, on est tous dans le dur et on se motive pour aller jusqu’au bout. Je continue

d’avancer, de monter, de descendre, j’essaye de me repérer par rapport au kilométrage du compteur et au

dénivelé que j’ai scotché sur mon vélo. Je perds petit à petit en lucidité lorsque j’arrive face à un mur très raide,

la côte de Carcanières (3km à 9.3% moy allant jusqu’à 16%), pour enfin atteindre le ravitaillement.



J’en peu plus, je suis à bout de force et pour moi il reste encore un col. Mais j’apprends que je suis

au dernier ravitaillement, ça veut dire que je touche au but. Je regarde ma carte et le moral remonte

car cette fameuse ascension était la dernière, il ne me reste plus que 24km de faux plat. 

Ma famille est présente pour me motiver et m’encourager à rien lâcher. Classement provisoire, je suis

vers les

50ième. Avec ça impossible de renoncer maintenant, je verrouille mon esprit et je sais que je vais enfin arriver au

bout de ces 198km avec + de 5000m de dénivelé positif. 10h50’ sur le vélo, je n’avais jamais fait autant

de ma vie.



Arrivée en T2, c’était très éprouvant mais finalement j’ai encore du jus, je prends le temps de me

changer et de manger. Je me dis que ça va durer encore des heures et il faut que je gère l’alimentation

pour ne pas tout stopper. Je vois dans le parc qu’il manque encore plein de vélo, je ne suis pas

dans les derniers, ça me remotive encore un peu. Je ne peux pas me permettre d’abandonner.

Je m’arrêterais que lorsque j’aurai passé la ligne d’arrivée. Renoncer à disparu de mon esprit.


Tellement pressé de m’élancer pour un marathon, j’oublie d’enlever les gants de vélo.

Pour autant, c’est vraiment je pars avec un bon rythme que je m’impose (environs 5min/km).

Malheureusement ça ne dure pas, les crampes m’obligent à m’arrêter pour m’étirer.

Je repars alors plus lentement pour éviter de faire de faux mouvements qui tétaniseraient mes muscles.

Je n’omets aucun ravitaillement et mange du salé pour les crampes. 

Première ascension, je dois marcher, j’alterne avec de la course dès que je peux. Je ne suis pas bien,

et ça m’énerve de ne pas pouvoir avancer à mon allure. Heureusement les encouragements du public,

des concurrents et de ma famille m’aident à tenir le coup et à ne rien lâcher. J’arrive en haut pour le ravito

du lac de Balcère, j’en profite pour discuter avec les bénévoles et faire quelques blagues pour remonter le moral,

je ne suis plus à quelques secondes près.

Malgré cela je dois repartir pour finir la 1ère boucle et recommencer. J’arrive à la moitié et les bonnes sensations de cap reviennent et le plaisir aussi.

Je retrouve mon rythme de croisière, je n’ai plus de crampes (TUC et eau pétillantes sont le cocktail parfait

qui l’aurait cru).



Je fais mon calcul sur mon temps d’arrivée et sur les barrières horaires, je sais que je vais pouvoir finir.

Malgré tout, je dois repasser dans le parc à vélo pour récupérer ma lampe frontale, je n’arriverai pas

avant la tombée de la nuit comme je le souhaitais.

Le2èmesemi passe beaucoup mieux même si je suis obligé de marcher dans la dernière côte qui monte au lac.

Les 800m de D+ sont fait, plus qu’un dernier tronçon, 2km de descente pour rejoindre l’arrivée

dans le village. 

C’est non sans effort et acharnement que je passe la ligne d’arrivée en

36ème position comme mon numéro de dossard avec un temps de 17h06’12’’ pour l’épreuve.


Je suis très heureux d’être Finisher de mon 1er triathlon XXL

qui n’a pas été sans difficulté et remise en question. J’y ai malgré tout pris énormément de plaisir et

je suis fier de moi.

Rendez-vous la saison prochaine pour améliorer mon chrono et probablement sur un autre Ironman.


Merci à tous pour vos messages (famille, amis, triathlètes, Ploemeur Triathlon), merci

surtout aux bénévoles qui nous rendent ce triathlon plus simple et à tous les supporters qui m’ont encouragé.


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